dimanche 28 août 2016

ATTENTAT DE LA RUE SAINT-NICAISE , le 24 décembre 1800






Partage des attributions entre Sieyes et le général Bonaparte,


* -  le général Napoléon Bonaparte, s’empare de
       l’administration des affaires,

* -  laissant à Sieyess le soin de rédiger la Constitution de
       l’an VIII. 


La journée du 18 brumaire venait de mettre fin au Directoire. La succession d’orages sanglants qui avaient parsemé la Convention , avaient également et surtout marqué les hommes, les incitant à imaginer une espèce de république.

Cette nouvelle «  République » dura quatre ans, du 13 brumaire de l’an IV, jusu’au 18 brumaire de l’an VIII.


Rapport des Consul de le République Française - Document de la Bibliothèque Nationnale de France à Paris.


L’an IX ( 1800-1801 ) apparaissait se suffire à lui-même, dans l’hypothèse évidemment, presque certaine d’une fin prochaine de la guerre ; car la paix continentale conclue à Lunéville devait bientôt amener par voie de conséquence la paix maritime. Le budget ne se votait pas alors une année à l’avance ; il se votait dans l’année même pendant laquelle s’ effectuait la dépense. Ainsi, on discutait en ventôse de l‘an IX ( 6ème mois du calendrier républicain - du 19 février au 20 mars ), le budget de l’an IX, c’est-à-dire en mars 1801.

La dette publique était telle que l’avait laissée la banqueroute, banqueroute héritée du Directoire, mais très largement réalisée et accumulée par la Convention, et l’Assemblée Constituante, selon M.A. Thiers.

Le général Bonaparte, était arrivé au pouvoir le 9 novembre 199 ( 18 brumaire de l’an VIII ), le 9 février 1801 ( 20 pluviôse de l’an IX ), soit 15 mois juste après ; la France était réorganisé intérieurement, ses finances en nette amélioration. Complètement victorieuse à l’extérieur, elle était en paix avec les états du continent européen, alliée avec les Pays nordiques et Méditerranéens de l’Europe, contre l’Angleterre. L’Espagne, se préparait pour une guerre contre le Portugal ; la Reine de Naples, demandait l protection Française, la Cour de Rome, était en négociation à Paris, pour es affaires religieuses. 

L'Europe au Traité de Lunéville - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.


Le général Bellavène, chargé de porter le traité, partit de Lunéville le 9 février au soir, et arriva en courrier extraordinaire à Paris. Le texte du traité qu’il portait fut immédiatement publié dans le « Moniteur ».


Traité de Luéville - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.

Paris en liesse, fut brillamment illuminé, cette allégresse se répandit dans toutes les provinces.

De toutes parts une joie spontanée éclata , le général Bonaparte fut glorifié tant pour ces victoires militaires, sur tous les terrains, mais également pour sa gestion, et les résultats obtenus sur le plan économique.


Général Boaparte - 1er Consul - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris



Une situation générale intérieure nettement apaisée, mais encore quelque peu trouble !


Tandis que la situation extérieure de la France s’améliorait nettement de jour en  jour, que l’Autriche et l’Allemagne signaient la paix , que les Pays Nordiques s’alliaient avec nous, et se rangeaient à nos côtés pour résister à la domination maritime de l’Angleterre, le Portugal et le Royaume de Naples se fermaient à son hégémonie commerciale.

Sur le plan intérieur, le gouvernement modéré, victorieux des différentes factions, assistait aux derniers soubresauts de partis anciens expirants. Malgré cette réorganisation voulue et réalisée par le 1er Consul, le général Napoléon Bonaparte, le brigandage infestant certaines grandes routes comme celle du Mans à La Flèche, n’avait pas totalement disparu.


Napoléon Bonaparte - 1er Consul de la République Française - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.


C’était la conséquence inéluctable des anciennes oppositions devenues de  violentes et sanglantes rivalités. Sans discontinuité, elles ont déchiré la France depuis 1789. Des hommes nés de la violence révolutionnaire, formés à l’inhumanité, n’arrivaient pas à trouver leur place dans une société ordrée, civilisée. En constante opposition, avec cet ordre établi, et bénéfique à la nation toute entière, désespérant de vaincre les Grenadiers de la Garde Consulaire, ils avaient délibérément optés pour la clandestinité
.
À l’approche de l’hiver 1799-1800, le brigandage s’était considérablement accru. Il devenait de plus en plus difficile de circuler sur les route importantes, sans risquer d’être, volé, dépouillé de tout, d’être violer et même purement et simplement torturé, puis assassiné ; les malfaisants ne reculant devant rien.  Les départements de l’Anjou, de la Bretagne, du Maine, de la Normandie, et du Poitou, étaient les terrains privilégiés comme autrefois de ces exactions. Mais, hélas ces procédés s’étaient propagés à plusieurs départements du Centre et du Midi, comMe ceux du Tarn, de la Lozère, de l’Aveyron, de la Haute Garonne, de l’Hérault, du Gard, de l’Ardèche, de la Drôme, du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône, des Hautes et des Basses Alpes, et du Var. Dans ces régions, circulaient, pratiquement librement des bandes d’assassins connus de tous, réunis sous une bannière dénommée « les assassins du Midi ». Sous le prétexte fallacieux de poursuivre, de combattre les Jacobins, ils égorgeaient, pour les voler les acquéreurs des biens nationaux ; des jeunes gens fuyant la conscription et quelques soldats déserteurs de l’armée de Ligurie, cherchant un abri pendant le cruel hiver 1799-1800.

Engagés dans cette voie sans issue, ayant un  penchant précis pour ce genre d’existence, ils s’enhardissaient ne respectant que la force des armes, bafouant en permanence les lois capturant les possesseurs de biens nationaux, comme nous l’avons écrit précédemment, enlevant à leurs domiciles les bourgeois aisés, et le riches propriétaires, les libérant que contre paiement de sommes importantes, leur brûlant les pieds jusqu’au rachat de leur liberté. C’est ainsi que le Sénateur Clément de Ris fut détenu pendant dix jours.

La justice ne pouvait s’exprimer, et encore moins sévir, les témoins refusant toutes formes de déclarations, et même de se faire connaître. Les citoyens et les membres de la justice craignant à juste titre des représailles effroyables. Seuls les interventions musclés, de petits corps d’armée avaient démontré une réelle efficacité.

Le gouvernement avait préparé un projet d’exception, qui fut, dès sa rédaction soumis  aux vives attaques de l’opposition.

Le 1er Consul, le général Bonaparte, balayant ces pseudos scrupules d’égalité et de fraternité, passant outre, eu recours aux lois militaires, en l’attente de la fin des fastidieuses et inutiles délibérations. La gendarmerie n’étant pas assez nombreuse, pas assez forte, et trop dispersée ;  le 1er Consul créa, constitua en urgence absolue des petits corps de troupes militaires très mobiles , accompagnés de tribunaux spéciaux, qui jugeaient et condamnaient dans es 48 heures. Le résultat de cet état de guerre intérieure à la nation, ne s fit pas attendre. Il fut aussi rapide que surprenant, des troupes entières de brigands disparurent définitivement. Tous les bandits, tous les réfractaires à la loi pris les armes à la main étaient immédiatement jugés, condamnés et fusillés dans les 48 heures qui suivaient.

Les vociférations, les tollés des opposants, et de tous ceux qui se voulaient bien pensant éclatèrent. Tandis que Demerville, Cerrachi et Arena comparaissaient devant la justice, leurs partisans du Parti Révolutionnaire, très actifs échafaudés une quantité de projets aussi absurdes que farfelues, dont le but exclusif était la disparition définitive et irréversible par la mort du 1er Consul, le général Napoléon Bonaparte.

Une nouvelle forme, d’opposants prêt à tout, même au crime le plus abject apparue. Dans l’ombre, sournoisement ils complotaient , ils élaborés les projets insensés. L’un de ces projets ans les plus avancés, était l’assassinat par le poignard du 1er Consul, dans sa loge à l’opéra. Le problème qui immédiatement se posa . Qui allait tenir le poignard ? Apparemment aucun volontaire, ne voulut prendre ce risque. Très exactement come celui de créer un mouvement de foule, dans lequel serait isolé, puis poignardé anonymement le général Bonaparte. Les candidats se manifestèrent par une absence totale de candidats.

Fouché,, ministre de la police, et ses hommes veillaient. C’est ainsi qu’ils déjouèrent une tentative d’enlèvement qui devait être suivie de l’assassinat du 1er Consul, sur la route entre Paris et La Malmaison.

Leur attention, se focalisa lorsqu’ils apprirent et découvrir, qu’un certain Chevalier, ouvrier, employé dans une fabrique d’armes, résident à Paris sous la Convention, avait mis au point une « machine infernale ». 


Arrêté du 1er juillet 1800 (  12messidor an VIII ) , créant la Préfecture de Police de Paris - Coll. Part.


Complot hourdi contre la vie du 1er Consul, devenu gênant.


Geoges ( Cadoudal ) , *

 * - Cadoudal, né à Brech le 1er janvier 1771, mort guillotiné le 25 juin 1804, général royaliste, principal gent au service des Anglais.

revenu clandestinement en France via Jersey, très largement pourvu en argent, réfugié dans le Morbihan, épaulé par des sbires anglais et royalistes français basés à Jersey, soutenaient les pilleurs de diligence. À la tête d’un important réseau structuré, il avait envoyé à Paris, plusieurs de ses meilleurs agents dont Limoëlan et Saint-Réjant spécialement formés en Angleterre , avec une mission précise, assassiner le 1er Consul . Si le premier, avait déjà faite ses preuves, le second ancien officier de marine, avait de bonne connaissance en artillerie, donc en explosif. À ces deux hommes un troisième Carbon avait un rôle subalterne. Arrivés séparément, les uns après les autres dans la capitale vers fin novembre 1800 ( premiers jours de frimaire ), ils cherchaient un moyen le plus sûr de tuer le général Bonaparte.

Le ministre Fouché, informé de leur arrivée à Paris, les fit surveiller de très près, par ses agents. Malgré cela, ils parvinrent à déjouer l’étroite surveillance. La police ayant perdu leur trace ne put être informée de l’intérêt particulier des trois personnages pour la machine conçue par Chevalier. 

Cette machine, véritable bombe mobile pour l’époque, se composait d’un baril de poudre, placé sur une petite charrette, équipé d’un fusil pour la mise à feu.

Tandis que la police s’évertuait à les retrouver, multipliant les perquisitions, les fouilles et les contrôles, ils achetèrent une charrette,  et un cheval, et louèrent un local pour ranger l’ensemble, se faisant passer pour des marchands forains. À l’abri des regards, et des indiscrétions, en toute sécurité ils placèrent dans le véhicule hippomobile des barils chargés de poudre, et également de mitraille. L’opération la plus délicate fut le placement du dispositif de mise à feu.

Le jour choisit pour l’opération fut le 24 décembre 1800, jour où le 1er Consul, devant se rendre à l’Opéra, il serait obligé d’emprunter la rue Saint-Nicaise. Cette rue reliait la rue de Richelieu au Carrousel. Elle était étroite, et souvent encombrée, où il était difficile d’éviter quoique ce soit, en réduisant obligatoirement la vitesse de l’attelage. Elle figurait parmi les itinéraires souvent utilisait par le 1er Consul.




Plan et gravure de la rue Saint -Nicaise en ce début de XIX siècle - Documents de la Bibliothèque Nationele de France de Paris


Le jour arrivée, Limoëlan et Saint-Réjant, conduisirent personnellement l’équipage, le mirent en stationnement, et se séparèrent chacun de leur côté. Ils ne devaient pas se revoir. Saint-Réjant, chargé de l’opération très délicate de la mise à feu, tandis que Limoëlan et Carbon faisaient le gué rue des Tuileries et informaient de Saint-Réjant de l‘arrivée de la voiture officielle. Où l’effroyable, dépasse l’imagination, Saint-Réjant avait confié la garde du cheval et de la charrette à une jeune fille de quinze ans.

Pendant ce temps, le 1er Consul, épuisé par cette journée, pas du tout en forme, avait annoncé qu’il ne se rendrait pas à l’Opéra, mais rentrerait chez lui. Toutefois, il se laissa convaincre par son entourage et quitta les Tuileries vers 8 heures un quart ( 20 heures 15 ).

Les généraux Lannes, Berthier et Ch. Lebrun l’accompagnaient dan sa voiture. Un détachement de Grenadiers à cheval lui servait d’escorte, mais contrairement à l’habitude ce soir là, il ne précédait le véhicule du 1er Consul, mais le suivait. Celui-ci arriva donc, dans le rétrécissement de la rue Saint-Nicaise, sans avoir était annoncé par le bruit des sabots des chevaux sur les pavés, ni prévenu par les complices aux aguets, un peu plus loin. Des questions sans aucune réponse restent et resteront toujours posées.

Soit que paralysés par la peur Limoëlan et Carbon préférèrent la fuite, et la vie sauve, ou qu’ils n’aient pas identifié la voiture au passage ; toujours est-il que Saint-Réjant, n’ayant reconnu la voiture du 1er Consul, que lorsque celle-ci fut passée, au moment même où elle tournait dans un virage de la rue, il déclencha néanmoins l’explosion.

Explosion de la « machine infernale ». lors de l'attentat du 24 décembre 1800, contre le 1er Consul, le général Napoléon Bonaparte, rue Saint Nicaise à Paris - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.


L’explosion fut terrible, le bruit épouvantable, l’effet de souffle effroyable, les portes et les fenêtres qui ne volèrent pas en éclats, furent arrachées et projetées dans tous les sens ; fauchant les passants qui terminaient leurs courses de Noël La voiture de Bonaparte faillit être renversée, sans l’habileté du cocher qui avait par la rapidité de ses réflexes franchit à toute vitesse le deuxième coude de la petite rue. La mitraille chargée dans les barils déchiqueta les vitrines et les façades des maisons environnantes. L’un des Grenadiers à cheval, fut légèrement blessé, par contre le nombre des morts et des mourants dispersés dans la rue et les rues adjacentes étaient importants.

Napoléon Bonaparte arriva à l’Opéra manifestant un clame, et présentant un visage impassible semblant ignorer le drame, au milieu de la confusion de l’agitation générale. La rumeur de l’attentat se répandit dans tout Paris avec une rapidité inouïe, spontanément une foule immense de Parisiens se dirigea vers l-Opéra pour ovationner le 1er Consul, et lui témoigner sa fidélité ; du jamais vu. Mais, il ne resta pas longtemps, et retourna aux Tuileries pour tenir un Conseil exceptionnellement convoqué. La foule qui s’accroissait considérablement, l’ovationnait en permanence. 

Le 1er Consul, laissa éclater sa colère contre les révolutionnaires, les Jacobins et les terroristes de tous poils. Citant les « bataillons carrés », les assassins du 2 et 3 septembre, les auteurs du 61 mai, les conspirateurs de prairial, promettant une justice exemplaire. Les Tuileries étaient envahies d’un masse disparate de citoyens jurant leur fidélité.

Les ennemis de Fouché, invoquant son incompétence flagrante en profitèrent pour exiger sa révocation du 1er Consul. 

S’adressant au Conseil Municipal de Paris, Bonaparte, déclara :
«  J’ai été touché des preuves d’affection que le peuple de Pari m’a donnée dans  cette circonstance. 
« Je les mérites, parce que l’unique but de mes pensée, de mes actions, est d’accroître la prospérité et 
« la gloire de la France. Tant que cette troupe de brigands s’est attaquée directement à moi, j’ai pu 
« laisser aux lois le soin de les punir ; mais qu’ils viennent, par un  crime sans exemple dans l'histoire
« de mettre en danger une partie de la population de la capitale, la punition sera prompte et terrible. 
« Assurez en nom le peule de Paris que cette « poignée de scélérats, dont les crimes ont failli 
« déshonorer la liberté, sera bientôt  « réduite à l ’impuissance de nuire » 
- ( reproduction intégrale du texte ). 

La lecture, et la diffusion de cette allocution déclencha un délire, et chacun s’engagea dans une chasse sans merci aux « terroristes ». Les royalistes rejetaient cet attentat sur les révolutionnaires, et ceux-ci sur les royalistes ; la confusion était générale.

Fouché, paraissait avoir une opinion solide, basée sur des éléments fiables. Une vérité apparue, sans équivoque : frappez les chefs, et les soldats disparaîtront.

Croquis de l'époque - Maison du Général Bonaparte, 34, rue de la Vicuoire à Paris - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.



Des lendemains lourds de conséquences…..!


Les deux sections  du Conseil d’Etat, tout particulièrement concernées par cet important sujet, les sections législatives et de l’intérieur se réunirent deux jours après l’événement, le 26 décembre (  5 nivôse ), pour étudier la situation, et y apporter la solution la plus efficace, et surtout la mieux adaptée, tout en étant la plus démocratique. Tour de force invraisemblable. Comme ils étaient en discussion animée, mais très avancée : autour d’un projet de loi ajustée aux tribunaux spéciaux, on pensa y ajoute deux articles. Le premier instituait une commission militaire pour juger sans appel, les crimes perpétrés contre les membres du gouvernement, le second attribuait au 1er Consul, la faculté d’éloigner de Paris les individus dont la présence pourrait être considérée comme néfaste et dangereuse, et de les condamner immédiatement à la déportation, si il tentait d se soustraire sous une forme, ou sous une autre.

Le Conseil d’Etat se réunit dans sa majorité sous la présidence du 1er Consul le Général Bonaparte, celui-ci trouvant les mesures adoptées trop clémentes, pour les fauteurs de troubles et les terroristes en général. Dans une déclaration virulente et enflammée, il déclara que l’action  des tribunaux spéciaux sera trop lente, et permettra aux auteurs de s’échapper. Il demande alors avec force, que soit fusillé à titre d’exemple immédiatement quinze à vingt de ces scélérats et deux cent autres déportés, et s’animant il réclame :

« Je suis, s’écria-t-il, je suis si convaincu de la nécessité et de la justice d’une  grande mesure pour 
« purger la France et la rassurer tout à la fois, que je suis prêt à me constituer moi seul en tribunal et
« à y faire comparaître les coupables, à les interroger, à les juger, à faire exécuter leur condamnation
« La France entière, m’applaudira, car ce n’est pas ma personne que je cherche à venger ici. Ma 
« fortune, qui m’a préservé tant de fois sur les champs de bataille, saura bien me préserver encore, je 
« ne songe pas à moi, je songe à l’ordre social que j’ai mission de rétablir, à l’honneur national que 
« j’ai mission de laver d’une souillure abominable ».- extrait intégral de la déclaration.

Un homme se leva, manifestant sa désapprobation, et désirant marquer sa très nette opposition, il s’agissait de l’amiral Truquet, ayant compris, que les mesures qui venaient d’être demandées ciblaient les révolutionnaires sans aucune distinction il déclara à Bonaparte :

«  Les émigrés de retour menacent les bien nationaux, les chouans infestent les  grandes routes, les 
« prêtes enflamment les passions du peuple dans le Midi, l' esprit public est corrompu par les 
« pamphlets…… ».

L’amiral Truquet faisait ici allusion aux fameux pamphlets colportés par M. de Fontanes, qui s’étaient rapidement propagés sur tout le territoire national. Avec sa vivacité d’esprit habituel, le 1er Consul suite à une joute oratoire, lui rétorqua sans ambages  :

« Prend-on les Français pour des enfants s’écria-t-il avec véhémence ? Croit-on  nous entraîner 
« avec ces déclarations contre les émigrés nobles, les chouans, le prêtres ? Parce qu’il y a encore 
« quelques attentats partiels en Vendée va-t-on nous demander comme autrefois la Patrie en 
« danger……..? La France a-t-elle jamais été dans une situation plus brillante, les finances en 
« meilleure voie, les armées plus victorieuses, la paix plus prés d’être générale ? Si les chouans
« commettent des crimes, je les ferai fusiller. Mais, faut-il  que je renvoie dans l’exil 10.000 vieillards 
« qui ne demandent qu’à vivre paisibles en respectant les lois établies  ? N’ avez-vous pas vu  
« Georges ( Cadoudal ), lui-même, faire égorger en Bretagne de pauvres ecclésiastiques, parce qu’il 
« les voyait se rapprocher peu à peu du gouvernement ? Faut-il que je proscrive encore pour une 
« qualité ? Que  je frappe ceux-ci parce qu’ils sont prêtres, ceux-là parce qu’ils sont d’anciens nobles 
« ? Ne savez- vous pas Messieurs du Conseil d’Etat, qu’exempt deux ou trois d’entre vous passez 
« pour des royalistes ? Vous citoyen Defermon, ne vous prend-on pas pour un partisan des Bourdons 
« ? ( en le pointant du doigt ). Faut-il que j’envoie Portalis en déportation à Sinnamary, le citoyen  
« Devaine à Madagascar, ( en les désignant tour à tour ) et puis que je compose un Conseil à la 
« Babeuf ? Allons citoyen Truquet on ne me fera pas le change ; il n’y a de menaçant pour notre 
« repos que les  septembriseurs. Ils ne vous épargneront pas vous-même ; et vous auriez beau leur 
« dire que vous avez défendu aujourd’hui le Conseil d’Etat, ils vous immoleraient comme moi, et   
« comme tous vos collègues ici présents » .
- retranscription de la déclaration du 1er Consul, figurant dans la P.V. d u Conseil d'Etat. 

Ce que l’on peut retenir de cette vive apostrophe de Bonaparte à l’amiral Truquet, c’est qu’il ne fallait proscrire personne pour une qualité, pour un a priori, ni les uns pour un titre, une qualité de royalistes, ni les autres pour celle de révolutionnaires . Le général Napoléon Bonaparte ayant à peine terminé de prononcer ces paroles, qu’il se leva, et quitta l’hémicycle, levant la séance. 

Le Consul Cambacérès avec sa subtilité , et son art habituel de la conciliation, rassembla les deux sections, chez lui le lendemain, tentant de ramener les esprits à une juste mesure. Dans cette espèce de huis clos, M. Roeder, accusa violemment les Jacobins, et mis en cause les insuffisances du ministre de la police Fouché.

Après la promulgation de la Constitution de l’an VIII, le Sénat n’avait aucun pouvoir pour voter une loi, par contre il pouvait la modifier complètement, et même l’annuler s’il la jugeait contraire à la Constitution. Il avait également les mêmes pouvoir sur les décisions prises par le Gouvernement. Suite à une idée émise par le 1er Consul, le ministre Fouché, fut chargé de dresser une liste des principaux terroristes connus, afin de procéder à leur déportation. Cette mesure arbitraire, et à la limite de la légalité touchait non seulement les vrais terroristes, mais également des «  terroristes n’ayant commis aucun crime ».

Quant à l’attentat perpétré le 24 décembre 1800, rue Nicaise, les investigations menées par le ministre Fouché et ses hommes,  par le préfet Dubois et ses agents, se multipliaient conjointement à des perquisitions. Un fait certain apparaissait, sous la violence de l’explosion de nombreux indices s’étaient volatilisés. de la jeune file recrutait par de Saint-Réjant pour tenir le cheval, et veiller sur l’attelage, il ne subsistait que des restes sanguinolents à identifier de ceux du cheval. Des pièces de bois, des roues, des cercles de fer. Un signalement, celui de Saint-Réjant, fut reconstitué diffusé, le suspect âprement recherché.

Napoléon Bonaparte 1er Consul, général de la République Française, exceptionnel stratège - Document de la Bibliohèque Nationale de France à Paris.


Le ministre Fouché, le préfet Dubois et leur services se déchaînent.


Le mystère  de la «  machine infernale », s’éclaircissait : les zones d’ombres se dissipaient, c’est-ainsi :

 - que le 1er propriétaire du cheval, fut identifié, il déclara à la police de bonne foi, qu’il avait vendu l’animal, à un marchand de grains, qui a déclaré l’avoir revendu un bon prix à deux marchands forains, dont il fit une description précises, qui ressemblait fort à Limomèan et à Corban.

- la charrette posait encore de nombreuses énigmes.

- le propriétaire de la remise  reconnu avoir reçu une belle somme pour la location de la remise, de deux individus dont Carbon, et vraisemblablement Saint-Réjant.

- avec toutes les indications amassées par la police, celle-ci retrouva le tonnelier et la piste de Saint-Réjant, celui-ci confirma toutes informations recueillies lors des contrôles, et des enquêtes.



Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.


Une importante confrontation fut organisée, deux cents révolutionnaires arrêtés furent présentés aux témoins du 1er au 4 janvier 1801 ( 11, 12, 13 et 14 nivôse ) ; Carbon, Limoëlan et saint-Réjant demeurèrent introuvables. Tous les points de l’enquête se juxtaposées à la perfection,, les moindres détails se recoupaient

Un rapport fut présenté au Conseil d’Etat le 1er janvier 1801 ( 11 nivôse ), une liste de 130 individus condamnait à la déportation y était joint. Une véritable purge, ne laissant aucune échappatoire. Le 1er Consul, après avoir consulté la liste définitive avec intérêt, apposa sa signature au bas de l’arrêté d’expulsion des personnes hors du territoire de la République Française.

Pendant de temps l’enquête implacablement se poursuivait, elle progressait constamment. Les services du ministre Fouché, grâce à des « mouchards » avait appris que Carbon avait des sœurs qui habitaient à Pars. La police se présenta au domicile de celles-ci, et en perquisitionnant, elle découvrit un baril de poudre intact. L’audition de la plus jeune permit de situer le lieu où Carbon se cachait . Il se trouvait au domicile de respectables demoiselles de Cicé, souers de l’ancien évêque de Bordeaux, ex-ministre. Le 18 janvier 1801 ( 28 nivôse ), Carbon fut arrêté, après la mise en place d’un spectaculaire dispositif ? Qui l’abrita et le projeta d’un lynchage en règle, cernait par une population déchainée. Sans difficulté, il dénonça Limoëllan, Saint-Réjant, et des complices épars. Limoëlan, réussit à échapper, et à passer à l’étranger. Saint-Réjant qui avait été malmelé par la puissance de l’explosion, supposé blessé en changeant constamment de domicile avait réussit à échapper à ses poursuivants policiers.


 « mouchards » de Fouché - Aquarelle de jacques Poirier - Document SOTECA.


C’était sans compter sur l’obstination du ministre Fouché et du préfet Dubois, qui le retrouvèrent, en dépit d’une ultime défense, Saint-Réjant blessé fut arrêté.

 Compétence de Fouché fut unanimement reconnus, même ses destructeurs se confondirent en éloges, à nouveau il bénéficia de l’appui du 1er Consul ; qui devait l’élever au titre de : duc d’Oriante, avec les bénéfices s ‘y rattachant.

Le 1er Consul, le général Napoléon Bonaparte, sortait  de cette épreuve, renforçait, jouissant de l’appui de la majorité des Français, et de la France, plus clairement le pouvoir suprême lui était incontestablement dévolu.


Aquarelle de Jacques Poirier, perquisition chez un suspect -- Document collection SOTECA.


À la lueur, de la lecture de différentes pièces des P.V. dressés par la police , on découvre :


Selon l’enquête, et en référence à une correspondance du 4 nivôse de Fouché au préfet Dubois :

«  Il paraît d’après quelques renseignements  qu’une jeune fille se trouvait près de   la voiture . Vous 
« me manderez si cette enfant a été réclamée. Si elle ne l’était pas cela confirmerait le soupçon 
« qu’elle a été choisie pour l’instrument de cette horrible machine et qu’elle aurait été sacrifiée par le 
« scélérats. Dans ce dernier cas, il est important que vous fassiez des informations pour connaître si, 
« dans quelques quartiers, on aurait connaissance qu’une enfant de cet âge aurait disparu. Vous 
« m’instruisez des ordres que vous avez donné, et du fruit de vos  recherches ».

Dans cette enquête, il a été supposé que la jeune fille avait 13 à 14 ans. Et que des gens qui ont témoigné spontanément, et l’on aperçu, avait supposé qu’il s’agissait d’un petit garçon. Le 4 nivôse, le sieur Villemenot, orfèvre, évoquait aux policiers, qu’un de ses amis et confrères  avait vu dans la soirée du 3 nivôse ( 24 décembre 1800 ) : « ….une espèce de charrette attelée d’un cheval couverte d’une étoffe paraissant grise…. », que cette charrette était gardée par un petit bonhomme assez mal  vêtu, paraissant, même originaire de la campagne, qui s’amusait avec son fouet à la tête du cheval.

On fit venir le confrère en question, et on l’interrogea :

Le 3 nivôse, sa déclaration fut claire et précise - «…..un citoyen nommé Bertrand,  marchand clincailler
« ( quincaillier ) à Châtellerault, étant venu le voir, le soir lui avait témoigné le désir de voir le 
« Premier Consul, qu’à cet effet ils se sont transportés sur les sept heures, près du théâtre de l’Opéra 
« ; mais qu’ennuyés d’attendre, il proposa d’aller au-devant ; alors ils gagnèrent la place du 
« Carrousel par la rue Nicaise, au bout de laquelle le long mur de la maison du traiteur qui faisait le 
« coin de la place. Ils aperçurent une petite charrette couverte d’une toile ou d’une autre étoffe 
« jusqu’au bas des ridelles de manière à empêcher de voir, si il y avait quelque chose dedans ; attelée 
« d’un cheval à la tête duquel un petit bonhomme paraissant avec une longue veste, tenait un fouet à 
« la main » - retranscription intégrale de la déclaration du P.V.

Puis ledit Guillemot, donna à la police d’autres détails intéressants :

En attendant le passage du cortège officiel, le quincaillier et son ami, s’étant rendu à l’entrée de la cour où stationnait la voiture du 1er Consul et trois autres, ils avaient amicalement engagé la conversation avec des gardes de service ( militaires factionnaires de garde avant et après huit heures,  ayant même assisté au relevé ). Ils avaient alors, remarqué deux particuliers qui s’étaient adressés à deux autres factionnaires, l’un des individus s’était retiré à l’écart, tandis que l’autre avaient semble-t-il très fortement insisté pour entrée, et avait même tenté de pénétré malgré tout. Il semblerait alors, que cela se soit détérioré, il avait reconduit vertement ; puis ils étaient partis du côté de la rue Saint-Nicaise.

Peu après une agitation se produisit dans la cour, de nombreuses personnes se regroupèrent autour des voitures formant le cortège ; puis elles se dirigèrent  et sortirent, trois se dirigèrent au grand galop , puis s’engagèrent dans cette rue tandis que la quatrième se préparer à s’engager, une formidable explosion éclata, dans un épais nuage de fumée et de poussière. Une clameur, fait de cris d’épouvante, de hurlements de souffrance se fit entendre, provenant de la rue Saint-Nicaise. Deux apparurent venant de l’entrée, de la rue et se sauvant dans des directions opposée.

Une panique indescriptible régnait dans le quartier, de la rue Saint-Nicaise après l’apocalypse, une fade odeur de mort, pigmentée de celle de la poudre planait suffoquant l‘atmosphère, tandis que partout un spectacle de désolation, et  une indicible frayeur s’installait.

Les différentes descriptions données tant par les témoins, que par le quincaillier de Châtellerault et son ami Guillemot, correspondaient très exactement  à celles des deux individus aperçus fuyant après l’explosion. Identifiez comme correspondant aux silhouettes de Limoëlan et Carbon.

- celui qui se trouvait non loin de Guillemot, et qui cherchait avec détermination à entrer dans la cour, à forcer le passage, devait être âgé de la quarantaine et quelques années, de taille 1,68 à 1,70 mètre, vêtu d’une redingote ventre biche clair, un habit dessous, bottes et chapeau rond.

- l’autre un peu plus grand, et plus mi ce, beaucoup plus discret, plus effacé demeurant à l‘écart, ,semblait porter une redingote bleue très foncé.

Se basant sur les déclarations de Guillemot, et de son ami, par recoupant avec d’autres témoignages, les enquêteurs, une certitude apparaissait :

- le 24 décembre, l’attelage, du cheval et de la charrette vinrent stationner la zone d’ombre du grand mur de la maison du traiteur, faisant l’anglke avec la place du Carrousel. Elle était don du côté droit de la rue, face à la Seine. Un autre témoin, le sieur Boubion corrobore ce fait, et précise, en face sur l’autre côté, de la boutique d’un culottier, mal éclairée, au 333, de la rue Saint-Nicaise. Les terroristes, recherchaient donc une zone peu ou très ma éclairée. En effet, un peu plus loin sur ce côté gauche, la succession de boutiques , de cafés, son hôtel des Quinze-Vingt, une maison de sept étages, et son café brillamment éclairés, et son café d’Apollon illuminé ; présentés un risque certain de repérage.





























Présentation d'un suspect devant l'inspecteur de police - Aquarelle de Jacques Poirier - Collection SOTECA;


Un autre point aussi pénible, qu’horrible, vint s’ajouter à la longue liste recueillie par la police :

- le 5 nivôse ( 26 décembre 1800 ), pauvre femme, nommée veuve Peusol, demeurant dans un miséreux logement d’une pièce unique rue du Bac, de son état marchande de petits pains, désespérée, effondrée, vint réclamer sa fille Marianne, âgée de seize ans , et disparue le 5 nivôse ( 25 décembre ). La jeune fille au moment de sa disparition portait une jupe de toile à raies blanches et bleues, et grand casaquin de laine grise. Selon son amie, et des témoins elle aurait reçue douze sous pour garder l’attelage en l’attente de la mort.

Quelques jours plus tard, les rapports des officiers de Paix Marlée et Mercier, dévoilaient que le 24 décembre, jour même de l’attentat, deux jeunes filles et amies, vendeuses de petits pains, furent abordées par un individu, dont le signalement correspondait très exactement à celui de Saint-Réjant. L’une d’elles ayant vendu tou ses petits pains accepta l’offre de l’inconnu et le suivit en direction de la rue Saint-Nicaise; nul de revue.

Ces deux rapports, faisaient état également, qu’approximativement quelques minutes après l’explosion, vers 8 heures 30, un l’homme de 45 ans , de 5 pieds de haut, les cheveux bruns dépeignés, ébouriffés, figure allongée, mince, un gilet blanc tricoté,, une redingote grise en lambeaux ; blessé sur le côté gauche de la tête, ne portant ni chapeau, ni souliers, la lèvre gauche inférieure coupée et saignant avec abondance, se présenta chez le boulanger de la rue Marceau ( rue de Rohan ) pour demander une voiture. Refusant énergiquement de donner son  nom, et son adresse, au commerçant soupçonneux du fait de l’attentat, il prit la fuite. Le boulanger, le suivit et à la déclarer les faits au poste de police voisin.


 le 30 août 2016

à l'aimable attention des visiteurs-lecteurs,cet article est susceptible de subir des modifications, de nouveaux paragraphes ajoutés en fonction des éléments découverts lors de la poursuite de nos recherches.

Dans la même collection,

      * - GUECELARD - HISTOIRE & PATRIMOINE - Lexique
           analysé du «  Parler de nos Aïeux» - 3 parties
           www.gbcx74.blogspot.com

      * - GUECELARD - NOMS & LIEUX - Glossaire raisonné 
            - 2 parties.

           www.gbcxjarrier.blogspot.fr

      * - GUECELARD - ENCYCLOPEDIE - Analytique & 
           Lexicographique
           www.gbcx41.blogspot.com



























Carte officielle de la France en 1803 - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.